Xavier Macaire : « Il faut s’attendre à des surprises »
Une semaine après leur arrivée à Lorient au terme de la première étape d’une Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre inédite, Xavier Macaire et Pierre Leboucher s’apprêtent à reprendre le large. Après avoir dû patienter au port pendant le passage des tempêtes Ciaran et Domingos, le Class40 Groupe Snef est prêt à se lancer dans le vif du sujet : traverser l’Atlantique et rejoindre Fort-de-France (Martinique).
Classés deuxièmes à Lorient, Xavier et Pierre entendent bien confirmer leur belle première manche. Mais auparavant, 3 500 milles de navigation les attendent, avec l’obligation de laisser l’île de Porto Santo à tribord (archipel de Madère), et un front dépressionnaire important à négocier dès les premiers jours. En pleine préparation du bateau et de l’avitaillement, Xavier explique.
Comment avez-vous réussi à rester mobilisés pendant cette période d’attente, alors que l’on ne connaissait pas la date de départ de la seconde étape de cette Transat Jacques Vabre particulière ?
« Je pense que la clé était justement de ne pas rester mobilisé tout le temps. En tout cas c’est ce que j’ai essayé de faire de mon côté, et c’est la même chose pour Pierre. Pouvoir faire un break et ne pas penser qu’à ça, sans savoir quand nous allions repartir, ni sur quel parcours. J’ai préféré rentrer chez moi et passer du temps avec ma famille. Cela ne m’a pas empêché de surveiller la météo mais je ne me suis pas focalisé sur la course, afin de ne pas gaspiller de l’énergie dans des éléments que je ne maîtrisais pas. Cela me semblait plus productif de décrocher, de prendre du recul, pour pouvoir mieux revenir quand ce serait clair et concret.
Maintenant que l’on connaît le parcours, le jour et l’heure de départ, on se remet pleinement dans la course. Le fait d’avoir fait une pause nous permet de nous y remettre avec encore plus de motivation, de fraîcheur, d’envie, de concentration, de sérieux. »
Qu’est-ce qui vous attend sur cette deuxième étape ?
« Nous allons prendre la direction de Fort-de-France avec une marque de parcours à Madère. Durant la première nuit, nous devrons traverser un petit centre dépressionnaire au milieu du golfe de Gascogne, puis, dans la nuit de mardi à mercredi, un nouveau front froid fort avec du vent de Sud-Ouest au passage du Cap Finisterre. Cet endroit est mal pavé, ça accélère et la mer est réputée pour y être vraiment mauvaise, avec en plus le DST* et les passages de cargos à gérer. Tous les mauvais éléments vont se rencontrer au même endroit, au même moment. Cela va donc être un point délicat à gérer mais nous sommes prêts, on a les moyens de traverser ça.
La suite est plus incertaine avec l’évolution du front puis une dorsale à franchir avant l’arrivée à Madère. La situation n’est pas encore claire et nette. Il faudra s’adapter en permanence. Je suis certain que ça ne sera pas facile comme dans le routage, il faut s’attendre à des surprises tout au long du parcours. La délivrance devrait arriver avec les alizés entre Gibraltar et Madère. »
Quelles vont être les clés de ce début de course ?
« Il faudra être dans le match tout de suite, tout en restant vigilant. Prendre garde à ne pas abîmer le bateau dès le début de course mais ne pas laisser la locomotive partir sans les wagons. En résumé, ne pas pécher par excès de prudence : naviguer comme on l’entend tout en restant attentifs, mais ne pas être timorés. »
*DST : dispositif de séparation du trafic ; zone où le trafic maritime est très dense, et donc interdite à la navigation dans le cadre de la course.