Justine et Xavier portent TeamWork Team Snef à son sommet

Auteurs d’une course superbe menée aux avant-postes du Havre à Fort de France, Justine Mettraux et Xavier Macaire terminent cinquième de cette 17ème Route du Café, remportée par leur partenaire d’entraînement Charal. Pour sa dernière course sous les couleurs de TeamWork Team Snef, leur plan VPLP de 2018 talonne les meilleurs et devance plusieurs IMOCA beaucoup plus récents. C’est aussi le meilleur résultat enregistré par Justine depuis son entrée dans la classe IMOCA. Réactions à chaud et retour sur une trajectoire brillante.

© DR / TeamWork Team Snef

Dans la nuit antillaise, ils ont amarré TeamWork Team Snef au ponton d’honneur de la marina de Fort de France. Visiblement éreintés mais heureux, Justine et Xavier croquaient dans les fruits tropicaux, récompense de 12 jours, 16 heures et 42 minutes d’effort : « Là je suis encore debout, mais je crois que je vais m’effondrer souriait Xavier. Les trois derniers jours, ça secouait tellement, on a tiré fort sur le bateau qui buttait dans la mer avec Bureau Vallée qui était très menaçant derrière, on est vraiment heureux d’être là ! » 

« C’est une fierté et un soulagement confirmait Justine dans un beau sourire. On va partager ça avec l’équipe avant d’aller dormir  ! »

La performance et le partage

Riche en émotions, cette transat l’a été pour la suissesse. D’abord, c’était sa dernière épreuve sur ce bateau acquis en 2022 qui lui a tant donné et avec lequel elle a acquis le respect de toute la famille IMOCA. À 100% dans sa course, Justine suivait aussi d’un coin de l’œil et par message interposés sa soeur Elodie Jane, engagée en Ocean Fifty, arrivée sans encombre la veille à Fort de France dans cette classe qui a encore une fois donné des frissons. Et à quatre jours de l’arrivée, elle a été informée que Word Sailing, la Fédération Internationale de Voile, lui décernait le titre de marin de l’année ! « C’est une belle reconnaissance, il y avait plein de projets féminins qui font bouger les choses et je rejoins des filles que je connais bien et que j’estime comme Carolijn Brouwer ou Marie Riou (distinguées en 2018 NDLR) »

Xavier a bien pris le temps de féliciter sa co-équipière, mais la nouvelle est tombée en pleine période d’alizés forcissant et les effusions ont été de courte durée ! Car dans cette deuxième partie de la course, maintenir sa position a été un travail de tous les instants : « On s’est battus, on n’a vraiment rien lâché en navigant à la limite avec beaucoup de stress pour maintenir nos concurrents à distance. Sur ces bateaux, quand tu es proche de 30-32 nœuds, la sortie de route arrive vite et elle coûte cher » rappelle Xavier.

Une transat en double en deux temps

Tant que la météo n’a pas donné un avantage imparable aux nouveaux foilers, tant qu’il a fallu soigner sa trajectoire, affiner ses réglages, trouver le vent où on ne l’attendait pas toujours, Justine et Xavier ont été au sommet. Durs au mal dans la descente du golfe de Gascogne avec une montée au mât de Xavier pour réparer un hook de voile d’avant, le tandem a rattrapé un à un ses concurrents entre Madère et les Canaries. Au passage de la dorsale qui balisait l’entrée dans les alizés et a sonné le regroupement général, TeamWork Team Snef s’est même hissé sur le podium. Il y avait moyen de perdre beaucoup ensuite puisqu’il restait plus de 2500 milles de navigation au portant musclé. « C’est vrai qu’il y a eu deux courses confirme Justine. Celui jusqu’aux Canaries, assez tactique et ensuite un match de vitesse où on a joué en deuxième division avec des bateaux comme Bureau Vallée ou Initiatives coeur »

Terminer devant ces concurrents et à moins de 12 heures derrière Allagrande Mapei, l’un des meilleurs bateaux de la génération 2022, reste une énorme satisfaction : « Avant le départ je prenais et reprenais la liste des concurrents et je me disais que faire un top 5 serait incroyable. Eh bien on l’a fait ! » s’exclamait Xavier sur le ponton.

A l’arrivée, les deux navigateurs ont aussi la satisfaction d’avoir amené TeamWork Team Snef à haute cadence jusqu’en Martinique sans autre chose que des petits bobos. « Justine a beaucoup bricolé pour maintenir le bateau au top. Je crois qu’on a appris chacun l’un de l’autre, c’était un beau tandem » conclue Xavier.

Après une semaine aux bons soins de l’équipe il sera temps de se replonger dans les fichiers météo pour trouver le meilleur chemin à se frayer vers l’Europe où un nouveau TeamWork Team Snef est en gestation. Mais c’est une autre histoire et il faut savourer l’instant présent, cette cinquième place qui restera dans les moments forts de la riche histoire de la Route du Café.